Papier : quelles sont les raisons de cette crise inédite ?

Crise du papier

Depuis quelques mois maintenant les industries graphiques connaissent une crise sans précédent : entre envolée vertigineuse des prix du papier, mise en place de quotas et rupture d’approvisionnement de nombreuses références de papier, la production des imprimés s’est fortement compliquée et toute la filière s’en trouve fragilisée.

Les raisons de cette crise sont multiples et ne découlent pas uniquement de la crise sanitaire que nous venons de traverser.

 

Il existe avant tout un phénomène structurel : depuis plusieurs années maintenant, la production de papier diminue.

Selon Intergaf, les capacités de production européennes ont diminuées de 25,8% entre 2016 et 2021.

Cela se concrétise par la fermeture d’usine et la réorganisation des chaînes de production.

En France, par exemple, l’usine Arjowiggins de Bessé-sur-Braye a été fermée en 2019 près de deux siècles après sa création. Elle employait 800 personnes et produisait jusqu’à 240 000 tonnes de papier graphique par an.

En 2021, le papetier UPM a fermé l’usine de la Chapelle-Darblay qui était la dernière en France à produire du papier journal 100% recyclé.

Il reste aujourd’hui très peu de papier produit en France.

 

Les papetiers s’adaptent à une consommation de papier en baisse mais réorganisent également de plus en plus leurs usines pour se tourner vers la production de carton dont la rentabilité est plus importante.

Ce phénomène s’est accentué avec la crise du COVID et l’essor de ventes e-commerce pendant cette période.

 

De plus, comme dans de nombreux autres secteurs, la pandémie a eu des conséquences importantes sur l’organisation de la production papetière : les confinements et les absences pour maladie ont rendu la production plus chaotique.

 

Enfin, l’augmentation des coûts des matières premières (en particulier de la pâte à papier) utiles à la fabrication du papier, comme de l’énergie ont été répercutés sur les prix des papiers.

 

Ainsi, alors que la reprise économique était au rendez-vous en septembre 2021, nous avons dû faire face à une augmentation faramineuse des prix du papier, puis petit à petit à l’allongement des délais de livraison, à la diminution des stocks et enfin à la pénurie de très nombreuses références.

 

Au cours des six derniers mois, les prix du papier ont augmenté en moyenne de plus 45% pour les papiers graphiques et de plus de 80% pour les papiers journaux.

Depuis le début de l’année 2022, d’autres évènements ont encore aggravé la production du papier.

C’est le cas de la guerre en Ukraine qui complique l’approvisionnement en bois et en pâte des papetiers européens mais qui a également un fort impact sur les prix de l’énergie.

C’est également le cas de la grève chez le papetier UPM qui a duré plusieurs semaines, pendant lesquelles la production était à l’arrêt.

 

Ces derniers évènements nous laissent à penser que la crise risque fort de perdurer au moins tout au long de l’année 2022.

Depuis quelques mois, faute de papier ou face aux tarifs engendrés par les augmentations de prix, beaucoup de projets ont été annulés.

Pour les imprimeurs, déjà bousculés par la pandémie, cette crise risque d’engendrer un manque à gagner non négligeable.

 

En attendant, il faut trouver des solutions pour permettre aux projets de voir le jour.

La presse, par exemple, réduit la pagination de ses publications ou augmente ses tarifs.

Il faut redoubler d’ingéniosité pour trouver des alternatives de papiers et de formats pour faire malgré tout vivre ces supports !